Si rares sont les rabbins en Occident qui, comme Benamozegh, ont été des cabalistes et ont produit une œuvre écrite, il faut citer le cas d’un autre rabbin français, ancien élève de l’école rabbinique de Paris, Emmanuel Lévyne, décédé il y a quelques années. Celui-ci n’a sans doute d’autre ressemblance avec le maître livournais que la réprobation dont il a fait l’objet de la part de sa communauté d’origine et son intérêt pour les courants de pensée contemporains.
Animateur d’un cercle d’études cabalistiques, il a été aussi le fondateur d’une petite maison d’édition et d’une revue consacrées à la cabale, Tsédek. Tenu à l’écart par ses pairs et la communauté juive en grande partie à cause de ses opinions d’un antisionisme radical et de la réputation d’illuminé qu’il s’était acquise, il tend dans ses ouvrages à mettre en avant les aspects antinomistes et révolutionnaire de la cabale, son potentiel transgressif. Figure de “juste souffrant” au milieu d’un monde impur dont il assure, par sa seule présence, la purification, il mettait en avant la doctrine cabalistique selon laquelle certains justes ont la capacité de pénétrer au sein de l’univers des qlipot (coquilles) pour en arracher les étincelles de lumière qui y sont enfermées. La relation entre politique révolutionnaire et doctrine cabalistique était très présente dans ses premiers écrits, édités dans les années qui suivirent immédiatement l’éclosion gauchiste des années 1968. Les titres de ses publications sont à eux seuls des témoignages éloquents de l’engagement de leur auteur, de ses centres d’intérêt multiples et de ses fréquentations intellectuelles et politiques.

Source : http://parolesdesjours.free.fr/cabale.pdf